Productions orthographiques contrôlées et productions textuelles : quels rapports, quelles implications, quels transferts ?
Jacques David  1, 2@  , Sandrine Wattelet * @
1 : CLESTHIA Langage, systèmes, discours  (CLESTHIA)
EA 7345
Université la Sorbonne nouvelle - Paris 3 -  France
2 : AGORA - EA 7392  (AGORA)
AGORA
Université de Cergy-Pontoise -  France
* : Auteur correspondant

Des recherches (Alves-Martins 2013 ; David & Morin 2013) et des synthèses récentes (Read & Treiman 2013) montrent que les écritures « approchées » permettent aux élèves les plus faibles, au début du primaire, de récupérer des compétences litéraciques décisives : conscience phonologique, production et reconnaissance des mots, habiletés morphologiques... Cependant, la part des pratiques d'orthographe contrôlée (dictée révisée) et celles de productions écrites autonomes, et surtout le transfert des unes aux autres ne sont guère établis.
Une étude menée auprès d'une vingtaine d'élèves de 2ème primaire a ainsi été conduite, afin de comparer leurs performances orthographiques dans les écrits produits et les procédures déclarées dans des entretiens métagraphiques (David & Wattelet, 2016). L'objectif est de décrire les procédures orthographiques dans l'une et l'autre tâche et d'évaluer les transferts possibles comme les résistances, dans la maitrise des correspondances phonographiques complexes, du nombre nominal, des accords adjectivaux et verbaux. Une première investigation montre, par exemple, que les accords sont fortement hypothéqués par leur inaudibilité, notamment pour le nombre (-s, -x vs. -ent), mais avec des différences entre les syntagmes nominaux dans lesquels les accords sont mieux réalisés que dans les syntagmes verbaux. Les explications fournies par les élèves nous permettent de préciser les causes de cette variabilité des accords : i) dans le SN, le marquage du pluriel nominal apparait plus sémantique et iconique ; la distance est réduite dans le repérage des accords entre déterminants, noms et épithètes ; la transparence phonologique des déterminants (le-la/les, un-une/des) permet de distinguer plus nettement les accords du nombre et du genre ; ii) dans le SV, les opérations paradigmatiques sont plus complexes et abstraites pour identifier la source de l'accord dans le SN sujet ; l'accord des verbes en nombre ou personne est souvent confondu avec les flexions temporo-verbales ; la polyvalence de certaines marques verbales, comme le -s, perturbent sensiblement les accords ; la présence de termes écran entre le sujet et le verbe (pronom, adverbe...) obère le calcul syntaxique de l'accord ; l'homophonie/hétérographie des verbes est plus étendue que celle des noms et adjectifs, ce qui complexifie le repérage des unités affectées et leurs marquages catégoriels (jusqu'à dix formes orthographiques différentes pour une même forme verbale orale).
En nous appuyant sur une méthodologie d'analyse de corpus, nous montrons comment ces apprentis scripteurs peuvent ou non résoudre et transférer leurs connaissances dans des situations de contrôle orthographique vers des productions textuelles autonomes. Nous analysons également les dispositifs didactiques déployés, afin de promouvoir des démarches complémentaires, recourant à des interactions d'apprentissage ciblées vs. ouvertes à d'autres niveaux d'organisation du texte.


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