Les élèves québécois, comme bon nombre d'élèves francophones, éprouvent des difficultés inhérentes à la syntaxe, à la ponctuation et à l'orthographe. De plus, différentes générations d'enseignants sont dorénavant tenus d'enseigner la grammaire pédagogique moderne (Chartrand et al. 1999). Même si la grammaire pédagogique moderne est prescrite dans les programmes d'études du Québec (MELS, 1995, 2001, 2009 et 2011) et en vigueur dans les écoles primaires et secondaires depuis respectivement 13 et 19 ans, les travaux de Lord (2012) révèlent que les enseignants peinent à l'enseigner. Et il semble que les savoirs en grammaire pédagogique moderne de futurs enseignants de français du secondaire soient encore très fragiles au terme de leur formation (Gauvin et al., 2017). Afin de dresser un portrait des connaissances des élèves en matière d'orthographe grammaticale et des pratiques pédagogiques des enseignants, une recherche descriptive auprès d'un échantillon de convenance de 8 écoles de quatre régions du Québec a poursuivi les objectifs suivants : 1) établir les profils en orthographe grammaticale et les profils métagraphiques d'élèves, garçons et filles, de 6e année du primaire, de l'adaptation scolaire au secondaire et de 1ère secondaire; 2) documenter les pratiques ordinaires d'enseignement de l'orthographe grammaticale de leurs enseignants; 3) établir des liens entre les pratiques déclarées des enseignants, les profils orthographiques et métagraphiques des élèves et leurs apprentissages; 4) Identifier des pistes d'action, des besoins de formation et des modes de collaboration entre les enseignants, les orthopédagogues, les conseillers pédagogiques et les directions d'école. Les résultats portant sur l'analyse du raisonnement grammatical de 72 élèves en difficulté, au moyen d'entretiens méta-graphiques, révèle d'importantes différences entre les procédures graphiques privilégiées par ces derniers et celles d'élèves de classes ordinaires (Ouellet et al. 2014). Les résultats obtenus au moyen des journaux de bord tenus par leurs 10 enseignants, d'entretiens individuels avec 8 orthopédagogues et d'entretiens de groupe avec les 8 équipes-écoles nous informent que les pratiques en vigueur ne permettent pas un développement optimal du raisonnement grammatical des élèves, en particulier, des élèves en difficulté. Les retombées de cette recherche touchent aux mesures, en matière d'enseignement de l'orthographe grammaticale, visant à accroître le niveau de préparation des enseignants et des orthopédagogues.