Cette communication s'appuie sur les résultats d'une recherche en sociologie de la pédagogie (Bernstein, 2007 ; Frandji, Vitale, 2008 ; Vitale, Exley, 2015) relative à la construction des savoirs littératiés à l'école maternelle et aux inégalités qui peuvent se jouer dans ce processus. A partir d'observations de type ethnographique, réalisées en 2010-2011 dans six classes de Grande Section situées dans des milieux sociaux variés du Sud-Est de la France, elle propose de présenter en quoi les dispositifs pédagogiques mis en place dans les classes peuvent influer sur les apprentissages relatifs à l'écrit.
Il s'agira dans un premier temps de décrire différentes modalités que peut prendre le dispositif des « ateliers » à l'école maternelle, notamment en termes de cadrage de l'activité des élèves et de présentation verbale des savoirs par l'enseignant. Le propos portera ensuite sur les différentes logiques à partir desquelles les savoirs de l'écrit sont appropriés par les élèves lors de ces ateliers et sur la proximité variable de ces logiques avec les attendus scolaires. Enfin, on s'intéressera aux évolutions des dispositifs en cours d'activité, par le biais des interactions qui s'y déroulent (que celles-ci aient lieu entre l'enseignant et les élèves, entre pairs, ou entre les élèves et les fiches photocopiées par exemple) ainsi qu'aux effets de ces évolutions sur les apprentissages des élèves.
Ces éléments permettront de mettre en évidence deux types de résultats. D'une part, montrer que les dispositifs ne sont pas des situations figées, mais au contraire des nœuds de processus multiples et dynamiques où les apprentissages relatifs à l'écrit se co-construisent entre les différents interactants impliqués. Et, d'autre part, souligner les processus, tant organisationnels et matériels, que sociaux ou cognitifs, qui, au sein de ces dispositifs, contribuent à favoriser, ou au contraire limiter, les apprentissages, en particulier pour les élèves qui sont les moins familiers de la dimension littératiée.